20 avril 2024 | |
12 / 8 euros |
Mina Agossi fait n’importe quoi. N’importe quoi, mais jamais n’importe comment. Joyeuse, canaille, excessive, drolatique ; ou alors grave, la Franco-Béninoise chante comme elle joue, elle joue comme elle vit, elle vit comme elle chante, indifférente au qu’en-dira-t-on, mais jamais au grand jamais indifférente aux musiciens.
Si messieurs Archie Shepp et Ahmad Jamal ont fait de Mina Agossi, 51 ans, une compagne iconique de leurs bandes – dix ans avec Archie, Ahmad Jamal écrivant pour elle Marseille, il doit y avoir quelques raisons. La principale étant le talent, bien sûr, l’évidence du talent. Mais enfin, sans ironie, sans aptitude à tout renverser, le talent n’est qu’une bien maigrichonne manie. Ce qui les a certainement retenus chez Mina Agossi, Archie Shepp, Ahmad Jamal mais aussi Ted Curson et les autres, c’est sa voix, ses voix même, sa présence insensée, ce qu’elle transmet au public. C’est aussi sa classe, son génie de rendre tout si facile, sa manie de s’occuper de tout qui en fait une diva plus attentive que perfectionniste.
Mais ce qu’ils ont repéré, vu d’emblée, c’est ce qui ne peut se voir que du point de vue des musiciens. Mina n’est pas la chanteuse de l’orchestre. Elle n’est pas non plus – version pomponnée –, musicienne d’entre les musiciens…
Elle a cette force d’avoir mis au point un rôle de femme dans ce monde d’hommes, qui n’a plus de questions à se poser. Elle choisit, rencontre, fait circuler, ouvre l’inconscient, aime rire et penser, entre en scène et dépense tout ce qu’elle peut dépenser.
Avec : Mina Agossi (vocal), Marc Charrière (keyboards, vidéo), Fabien Miedzianowski (guitar)